Arbitrage (ITW) : Après 21 ans au sifflet, Hugues Schaffer tire sa révérence

Dimanche dernier, au stade municipal de Blanzy, Hugues Schaffer a donné son dernier coup de sifflet en match officiel. Et ce, après vint-et-unes années d’arbitrage, laissant derrière lui une riche et passionnante carrière. L’occasion était belle d’aller à la rencontre de l’homme aux 700 matchs. Entretien Montceau Sport.


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Depuis dimanche dernier, l’effervescence redescend à peine. Car cette fin de carrière a suscité bon nombre de messages de sympathie. « Pas loin des 1000 », nous précise avec émotion le principal intéressé, Mr Hugues Schaffer. Derrière l’arbitre se cache l’homme. Bienveillant, à l’écoute et toujours enthousiaste, Hugues a parcouru la région durant cette vingtaine d’années avec une passion qui ne le quittera jamais. Et comme si le foot à 11 ne lui suffisait pas, le bonhomme a également arbitrer bon nombre de matchs de futsal. Participant notamment à l’essor de la discipline au niveau local. Vous l’aurez compris, c’est un membre important de notre communauté football local qui a tiré sa révérence ce dimanche. Découvrez cette interview que Hugues Schaffer a bien voulu nous accorder. Bonne retraite sportive Monsieur l’arbitre !



Montceau Sport : Bonjour Hugues, peux-tu nous parler sommairement de ta carrière footballistique en amateur.

Hugues Schaffer : « Pour rester court, j’ai joué dans plusieurs clubs du secteur jusqu’à 28 ans, que ce soit en district ou PL à l’époque. »

M.S. : Quand as-tu commencer à arbitrer et te souviens-tu de ton premier match ?

H.S. : « Simple, j’ai commencé à arbitrer à la naissance de ma première fille, en 2001, elle a aujourd’hui 21 ans, autant d’années arbitrales. À vrai dire, je me souviens de tous mes matchs, même si je suis à plus de 700 tous confondus. Mon premier étant celui de mon examen St Sernin B contre Etang B, ça démarrait mal puisque arrivé sur le stabilisé à 300 m des vestiaires, j’avais oublié le ballon du match. Heureusement, la suite s’est mieux passée. Ma seconde désignation de l’époque était St Pantaléon Autun Benfica avec beaucoup d’appréhension mais bien passée également. »


« Bernard Morel m’a fait découvrir cette passion »


M.S. : Qu’est-ce qui t’a poussé à cette vocation ?

H.S. : « Bernard Morel à l’époque, pour moi le meilleur arbitre de district m’a fait découvrir cette passion. Et sur un coup de tête, je me suis lancé, je me lassais de l’attitude de certains joueurs sur le terrain. »

M.S. : Comment as-tu vécu ce dernier match officiel à Blanzy (contre Rully, 3-1)?

H.S. : « Particulier. Dès mon arrivée au stade, aux vestiaires, l’accueil réservé, j’ai senti un truc qui ne s’explique pas. À l’échauffement, j’avais du mal à quitter le terrain, je regardais partout, les équipes qui s’échauffaient, mes proches, je voulais profiter, mais je sentais cette émotion. Pendant le match, de qualité d’ailleurs, tout s’est bien passé et j’en remercie les 2 équipes, terminer de cette façon avec un beau match et un super état d’esprit, c’est plaisant.

Juste avant de siffler pour la dernière fois, j’ai regardé mon épouse et mes enfants dans les gradins, mon ami Nicolas Flèche président de la CDA, et terminé par ce beau moment qui restera gravé. La belle image que je retiendrais également, cette haie d’honneur des joueurs, dirigeants, éducateurs, tout le public debout dans les gradins à m’applaudir et me dire des mots sympas, et des larmes d’émotion avec un petit mot de chaque joueur dans le couloir. Ces relations humaines seront inoubliables. Comme quoi, on a le droit de ne pas toujours être d’accord sur le terrain mais cette passion que l’on a est la même. »


Hugues Schaffer


M.S. : De toutes ces années d’arbitrage, quels sont les moments forts que tu garderas dans ta mémoire ?

H.S. : « À vrai dire, il y en a énormément, je retiendrais surtout les très bonnes relations que j’ai eu avec tous les clubs, les joueurs, les coachs et dirigeants que j’ai toujours respectés. C’est une superbe aventure humaine. Je retiendrais tous mes collègues avec qui j’ai officié en ligue, mes 2 finales de Coupe de Bourgogne avec mon ami Laurent Sœur, mes 4 finales de Coupe District. Beaucoup d’anecdotes, de rires, de remises en cause, de discussions passionnantes en fin de match devant un verre. Aujourd’hui, je suis surtout content quand je croise des joueurs que j’ai arbitré il y a plusieurs années qui viennent discuter, c’est sympa. »

M.S. : Tu es bien connu dans le département, la région et plus encore au niveau local en tant qu’arbitre et passionné, te rends tu comptes de la carrière que tu laisses derrière toi ?

H.S. : « Merci, c’est gentil. Simplement, j’ai toujours essayé d’être moi-même, le plus honnête possible. J’ai toujours respecté les joueurs et ceux-ci m’ont toujours rendus la pareille. Parfois je me suis trompé. Et j’ai été capable de l’avouer tout simplement, mais ce n’est pas toujours simple. Concernant cette carrière, je suis content, et j’ai surtout eu la chance de choisir mon match et d’être maitre de ce choix. Ce n’est pas une fin en soi, j’ai encore des projets. Je suis à l’UNAF et vous me verrez encore au bord des terrains. L’arbitrage, c’est une superbe école de la vie. »


Hugues Schaffer


M.S. : Quel regard portes-tu sur l’actualité et notamment les multiples agressions d’arbitres au niveau amateur de ces derniers mois ?

H.S. : « Tout d’abord, j’ai eu cette chance de ne jamais avoir vécu cette situation et j’ai une grosse pensée pour mes collègues agressés, tout comme parfois des joueurs. Je ne vais pas me faire des amis, mais je suis un fervent défenseur de cette cause au niveau de l’UNAF, et je pense que les sanctions sont ridicules. Ces attitudes sur les terrains ne devraient pas exister, et j’ai une solution, radiation comme dans d’autres sports. Et le haut niveau n’est pas forcément un bel exemple. »

M.S. : D’après toi, que pourraient faire les instances pour renforcer le lien arbitres / joueurs et éviter au maximum ces débordements ?

H.S. : « Je ne vais rien inventer ou révolutionner. Je pense juste que nous vivons tous la même passion, et que sans arbitres, sans joueurs, sans éducateurs ou public, il n’y a pas de foot. La mentalité doit changer. Les présidents de clubs devraient interdire l’accès au stade de certains personnages venus se défouler. Les sanctions devraient être durcies et acceptées de la part de tous. Car dans tous les cas, ce sont les clubs qui sont pénalisés ensuite. C’est d’abord un état d’esprit et je ne conçois pas ces débordements sur un mauvais coup de sifflet. Les districts et Ligues ne devraient pas tolérer certains agissements et exclure les fautifs, voir les équipes. Il y a aussi la solution de signer des conventions avec les différents parquets. Désolé d’être assez dur sur ce sujet. »


« L’arbitrage, une belle école de la vie… »


M.S. : Qu’aurais tu à dire à celles et ceux qui voudraient tenter de suivre tes traces dans l’arbitrage ?

H.S. : « Allez-y, foncez, lancez-vous, c’est une superbe aventure humaine enrichissante et une belle école de la vie. »

M.S. : Pour conclure, un dernier message ?

H.S. : « Un grand merci à Marjorie, mon épouse de m’avoir laissé vivre cette passion, sacrifiant 21 ans de week-end. Maintenant à mon tour de lui rendre ces beaux moments. Au plaisir de vous revoir au bord des terrains. »


Hugues Schaffer

Hugues Schaffer après son dernier coup de sifflet en match officiel.


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Mustapha Sofi. Photos fournies par H.S. © Montceau Sport

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