montceau-sport-basket-interview-arbitre-Fethi-Sahraoui

Fethi Sahraoui (Basket, ITW) : « J’apprécie l’arbitrage depuis tout petit »

Basket (Interview) : Entretien avec Fethi Sahraoui, arbitre licencié au BMB en pleine ascension

En attendant la reprise de la compétition, Montceau Sport ira à la rencontre des différents acteurs du jeu. Aujourd’hui, découvrez, au travers d’une interview clairvoyante et très instructive, le parcours de Fethi Sahraoui. Le jeune homme de 29 ans a plusieurs cordes à son arc. D’abord joueur, puis coach et arbitre, le natif de Saint Vallier s’illustre depuis quelques temps au niveau national dans le monde de l’arbitrage. Notamment lors de rencontres de Nationale 2 Féminine ou N3 masculine. Ceci étant dit, découvrez une longue interview de Mister Fethi Sahraoui. Entretien réalisé ce vendredi 3 juillet 2020.


Montceau Sport - Pub - Publicité - Annonce - Services


Bonjour Fethi, peux tu te présenter succinctement pour nos lecteurs ?

Fethi Sahraoui : « Je m’appelle Fethi, je suis originaire du bassin minier où j’ai grandi et fait mes études. Je travaille depuis 2013 chez Framatome où j’ai pu depuis 2017 revenir dans la région à Chalon. J’habite à Montceau-Les-Mines, et je suis rattaché au BMB depuis. Pour être encore plus précis j’ai grandi à Sanvignes, ce qui explique peut être mon choix de jouer d’abord au handball.  »

Depuis quand joues-tu au basket ?

F.S. : « C’est au départ un concours de circonstances. En effet, mes parents ont déménagé à Montceau en 2005. Du coup, ça devenait de plus en plus compliqué de rester au club de handball à Sanvignes. J’ai donc décidé de faire un sport que j’ai toujours aimé, le basket. En plus la salle du BMB Montceau était à 500 mètres de chez moi. La première fois, je m’en rappelle comme si c’était hier. Je me pointe à l’entraînement des cadets en début de saison et je tombe sur le coach (Ludovic Chevignac) et je me rends compte qu’ils étaient 25. Le coach me répond gentiment qu’il n’y a pas de place pour de nouveau licenciés et nous conseille (j’étais avec un ami) de s’inscrire à Saint Vallier ! Incroyable non ? Je veux me mettre au basket car c’est à côté de chez moi et je me retrouve à signer à Saint Vallier où j’allais aux entraînements à pied depuis Salengro deux fois par semaine !  »


« Je me suis investi dans l’arbitrage à partir de 2010 »


Peux-tu nous parler de ton parcours basket ?

F.S. : « J’ai donc commencé ma carrière à Saint Vallier, où je prends très vite goût au basket. Au point d’en devenir clairement une addiction. Dès la fin de saison, je demande à m’entraîner avec les seniors qui me prennent en charge et me font progresser à une vitesse impressionnante (Slo, Nordine, François qui finira par m’emmener aux entraînements). Ensuite, j’ai rejoint le BMB en 2ème année cadet. J’ai pu jouer jusqu’en 2010, j’ai ensuite marqué une pause pour m’investir pleinement dans ma nouvelle passion : l’arbitrage. Par ailleurs, je me suis investi dans le coaching sur les jeunes où je travaillais beaucoup avec Ludo, j’apprenais de lui et je coachais quelques-unes de ses équipes le week-end. Un réel plaisir !

J’ai repris en 2012, mais je me suis fait les ligaments croisés dès le début de saison. Malgré tout, par la suite, j’ai toujours fait des entraînements et jouer au basket régulièrement par plaisir. Tout en gardant un œil sur le terrain en devenant Coach de l’équipe 2 de Montceau pendant quelques années. Paradoxal non ? Je suis devenu coach de l’équipe avec laquelle je m’étais blessé là même saison. Quel souvenir ! »


montceau-sport-basket-interview-arbitre-Fethi-Sahraoui-photo-3


Depuis plusieurs années, tu franchis de nombreuses étapes en tant qu’arbitre. D’où t’est venue cette passion pour l’arbitrage ?

F.S. : « J’apprécie l’arbitrage depuis mon plus jeune âge. Au handball déjà, lorsqu’il n’y avait pas d’arbitres sur la catégorie U17, mon coach me demandait de faire les matchs. Je me souviens que je n’osais même pas siffler une zone (rires). Il s’en est passé du temps depuis. Mais ma réelle découverte, c’est Lucien. Un membre du BMB qui m’a fait découvrir l’arbitrage. À cette époque (en 2010), il s’occupait de la formation des arbitres départementaux, il venait sur toutes les catégories pour recruter de futurs arbitres. Jeune, avec l’envie d’enrichir ma culture basket, je me suis lancé dans l’aventure. J’ai donc suivi la formation avec Lucien et Salim (une autre grande figure du basket local). Je profite de cette interview pour les remercier, ils m’ont tout appris et m’ont transmis leur passion. Des bénévoles comme ça, on en fait plus. Ils s’investissaient et s’investissent à 1000%. Aujourd’hui ils sont encore dans le métier et je fais tout pour leur rendre ce qu’ils m’ont donné.


« Mes prochains objectifs  ? Arbitrer en N2 Masculine et en Ligue 2 Féminine »


J’ai une pensée aussi pour Cynthia Ba qui m’a notamment intégré au CDO71 (Comité des officiels du 71). J’ai ainsi pu encadrer des stages d’arbitres et faire de la formation. Je pense également à Benjamin Buston, qui n’est autre que mon exemple, il m’a presque tout appris et m’a drivé pendant mes années au niveau régional (2016/2018). Je remercie également mes responsables de groupe, Jérôme Ronny et Joeffrey qui m’ont encadré et également drivé pour arrivé à ce niveau. Sans eux, je n’aurai rien réussi. Le monde de l’arbitrage est rempli de bénévoles et de gens passionnés. »

Tu es actuellement arbitre de niveau national, quels sont tes objectifs à court et moyen terme ?

F.S. : « Je suis actuellement arbitre en championnat de France. J’officie en Nationale 3 Masculine et jusqu’en Nationale 2 Féminine, mais également sur les jeunes France élite. Mes objectifs sont clairs, continuer à travailler dur pour évoluer au niveau supérieur (Nationale 2 Masculine et Ligue 2 Féminine). Pour le long terme, l’objectif est de garder mon niveau de performance et d’arriver à rester le plus longtemps possible à ce niveau, où les exigences techniques et physiques sont très intenses. »


montceau-sport-basket-interview-arbitre-Fethi-Sahraoui-photo


Parlons nous un peu de la relation joueur-arbitre, combien gères-tu tes matchs ?

F.S. : « La relation arbitre-joueur est pour moi la relation la plus importante sur un terrain. Et c’est sur ce point que j’ai eu le plus de mal. Aujourd’hui, la différence entre un arbitre pro et nous réside ici. La gestion du match et des acteurs. J’ai connu 3 étapes sur ces relations. En commençant à arbitrer, j’avais gardé ma casquette de joueur et de coach. Je connaissais des joueurs en tant qu’adversaires, je les découvrais en tant qu’arbitre. J’étais donc dans un état d’esprit où je voulais que tout le monde m’apprécie, je faisais beaucoup de social sur le terrain. Et ça m’a clairement été reproché. Je donnais souvent raison aux coachs et je m’effaçais. Ensuite, j’ai durci mon arbitrage. Je suis devenu un peu plus froid et un peu plus dur dans mes relations. J’ai appris à gérer les matchs, à devenir intransigeant. Mais j’en ai oublié le plus important pour un arbitre : la remise en question.


« La vidéo m’a aidé à me corriger et à me remettre en question »


Le déclic pour moi, c’est quand j’ai commencé à bosser la vidéo en arbitrage. Je me rappellerai toujours du premier match où j’officiais que j’ai pu voir en vidéo. C’était avec Benjamin Burtin et là je vois ma tête et ma tenue sur le terrain. J’étais choqué. Je me suis dit, c’est moi ce clown là ? Suite à ça, je me suis mis à bosser énormément. Je clippais toutes mes erreurs, je corrigeais mon placement. Je corrigeais ma gestuelle. Tout ce qui n’allait pas. J’ai appris à remettre en question tous mes coups de sifflet. À devenir plus juste sur un terrain, plus humble et surtout plus fort. Bien évidemment je n’analysais pas seul mes clips. J’avais besoin d’être corrigé et qu’on me donne une analyse de qualité. Et depuis, et dès que je le peux, je travaille la vidéo dans le but de progresser. C’est le meilleur moyen pour avancer. »


Montceau-Sport-Basket-Saint-Exupery-Street-ball-BMB-02_07_20-1


Pour poursuivre sur le sujet, comment gères-tu les contestations et les conflits ?

F.S. : « Cette dernière étape m’a permis de devenir plus ouvert avec les joueurs sur les terrains où je communique beaucoup, en évitant le conflit. Par contre, une fois que le conflit est là, je fais tout pour le gérer. À notre niveau, les contestations sont importantes et parfois légitimes de la part des joueurs. Le plus dur est de gérer les joueurs et parfois les coachs, qui à mon niveau commencent à très bien connaitre le basket et ses règles. Chaque conflit est approché différemment. Tout d’abord je cherche à savoir pourquoi il s’énerve, j’essaie ensuite de comprendre la raison du conflit (oubli de faute, joueur d’en face, frustration personnelle) et je prépare mon intervention.

Le plus important est de faire redescendre la tension autour du conflit et pouvoir repartir rapidement sur le jeu. Mais parfois, c’est déjà trop tard. c’est pour ça qu’il faut toujours être attentif et ce pendant 40 minutes. D’après moi, les conflits doivent être gérés avec autorité mais de manière positive. C’est la clef du match. Si les acteurs sont avec toi, tu prendras autant de plaisir qu’eux sur le terrain. Mais le plus important dans la gestion du conflit c’est la communication et la franchise. Les joueurs apprécient lorsqu’on reconnaît une erreur, mais ils détestent la mauvaise foi. »


montceau-sport-basket-interview-arbitre-Fethi-Sahraoui-photo-2 (2)


Quels sont pour toi les qualités nécessaires pour être un arbitre de haut niveau ?

F.S. : « Pour moi un arbitre haut niveau doit avoir une condition physique égale ou supérieure presque à celle des joueurs. Il doit aussi maîtriser les règles plus que n’importe qui. Avoir une maîtrise de soi peu importe la situation. Et enfin, travailler très dur et surtout, s’exercer au maximum sur les terrains. Les joueurs pros ne le sont pas devenus en étudiant devant un tableau, alors pourquoi devrions-nous le faire ? La question mérite d’être posée. »

As-tu des modèles dans l’arbitrage, tous sports confondus ?

F.S. : « Le meilleur arbitre à mes yeux est Joseph Bissang. Par contre, Si je devais faire un mixe de mes exemples dans l’arbitrage, alors je choisirai le charisme d’Eddie Viator, la discrétion sur un terrain de Mehdi Difallah, la connaissance de Nicolas Maestre, la pédagogie de Johann Jeanneau et surtout le potentiel de Maxime Boubert. »


« Pendant le confinement, le basket me manquait cruellement »


Comment as-tu vécu cette longue période sans sport ?

F.S. : « Ça a été dur d’une manière générale. Mais surtout de ne pas pouvoir jouer au basket durant cette période. La saison a été stoppée, la meilleure décision a été prise certes, mais j’ai été très triste. Le basket me manquait cruellement. J’ai continué le sport individuel pendant cette période et j’ai commencé à préparer la saison prochaine. »

Comment se portes l’arbitrage Français au niveau international selon toi ?

F.S. : « L’arbitrage français est plutôt reconnu à l’échelle internationale. Je pense à tous ces arbitres français qui font l’Euroleague ou la ligue des champions de basket. Mais surtout à Y. Rosso qui a officié sur la dernière finale de la coupe du monde et qui devait officier cet été sur les JO de Pékin. J’ai également une pensée pour les anciens qui ont eu un parcours incroyable au niveau international. »


Voir aussi – La saison d’été de basket a débuté à St Exupéry


Mustapha Sofi. © Montceau Sport

Laisser un commentaire