Richard Trivino

ITW Richard Trivino (L’Orange Bleue) : « Dans l’incompréhension totale »

Le préfet annonce la fermeture des salles de sport pour un mois minimum, la réaction de Richard Trivino (salle OB Gueugnon)


Richard Trivino est un chef d’entreprise inquiet comme beaucoup d’autres dans ce pays. Le gérant de l’Orange Bleue Gueugnon, salle de sport des plus conviviales, a appris ce matin la décision du Préfet de Saône-et-Loire de fermer les équipements sportifs d’intérieur. Dont les salles de sport. Un coup dur pour celui qui officie au FC Gueugnon, au titre de Directeur Sportif. Découvrez un entretien exclusif, où le natif de Paray-le-Monial répond à toutes nos questions sur les conséquences de cette annonce. Richard Trivino, interview Montceau Sport.


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Montceau Sport : Bonjour Richard, première question, comment réagis-tu à chaud aux nouvelles directives exprimées ce matin par le Préfet ?

Richard Trivino : « Depuis hier soir, et l’annonce du couvre-feu par notre 1er Ministre, je m’y attendais un peu. Et ce matin, le Préfet a officialisé la fermeture. Je suis entre deux sentiments. D’un côté, j’ai beaucoup de compassion envers les gens gravement malades. Et de l’autre, je ressens une grosse frustration mêlée à de l’incompréhension. Oui, je ne comprends pas du tout cette décision. Depuis le 2 juin, date de la réouverture des salles, j’ai pris en compte toutes les restrictions sanitaires demandées. Pour cela, il a fallu dépenser beaucoup d’argent, et résultat, nous sommes les premiers à fermer ! Franchement, c’est incompréhensible ! »

Comment as-tu vécu cette période de restrictions sanitaires depuis mars dernier ?

« On subit. Comme tout le monde j’ai envie de dire. Nous sommes (les salles de sport) le secteur le plus touché, mais paradoxalement personne ne parle de nous, dans les médias notamment. On essaie de suivre à la lettre toutes les recommandations des autorités sanitaires compétentes, mais apparemment ça ne suffisait pas. »


« Nous sommes le secteur le plus touché et personne ne parle de nous ! »


Comment as-tu fait pour ne pas mettre la clé sous la porte ? As-tu reçu des aides de l’état ? Des collectivités ?

« Des aides .. ces temps-ci je ne connais plus trop la signification de ce mot ! En gros, pour faire simple, on nous a donné 1500€ par mois. Dans mon cas, le calcul est très simple, 1500 d’un côté, 10 000 euros de perdus par mois de l’autre. Pas besoin de vous faire un dessin. Bon bien sûr, c’est toujours mieux que rien. Et aussi, il y a le chômage partiel qui nous enlève une épine du pied, c’est certain. Mais quand tu es chef d’entreprise, il n’y a pas de chômage partiel et on est à zéro par mois ! Par ailleurs, le département  de Saône-et-Loire a également donné 1500 euros. Le 1er confinement m’a fait perdre en gros, environ 20 000 euros de chiffre d’affaires, aides comprises..! »

Quelles seront les conséquences futures d’après toi, après ces périodes de non-activité ou d’activité partielle ?

« C’est difficilement palpable. Je compte énormément sur la solidarité de mes adhérents, qui l’ont déjà été la première fois. Une chose est sûre, je vais perdre environ 10 000 euros par mois de fermeture, et je suis une petite salle. On verra bien. »


L'ORANGE BLEUE | Gueugnon - 6 Place de l'Église


Peux-tu nous expliquer les rigoureux protocoles sanitaires mis en place dans ta salle ?

« Je vais faire simple, car on a des normes très strictes au niveau du nettoyage. Après, il faut également expliquer aux lecteurs que des normes existaient avant le COVID. Comme le nettoyage des appareils, serviette sur appareils, baskets propres etc. Depuis le COVID, comme partout, gel hydroalcoolique dès l’entrée, et partout dans le club, nettoyage avant et après utilisation des appareils, port du masque obligatoire en dehors des activités, nettoyage permanent des points de contact, désinfection permanente des vestiaires/sanitaires. Et j’en passe. Mais apparemment, ça n’a pas suffit ! »

Comprends-tu cette nouvelle interdiction d’ouvrir au public les équipements sportifs fermés ?

« Il y a une véritable stigmatisation des salles de sport par nos dirigeants. Et je suis dans l’incompréhension totale. À Barcelone par exemple, les salles de sport restent ouvertes pour la santé des gens. On ne doit pas avoir les mêmes scientifiques chez nous ! »


« Nous sommes tous dans l’incompréhension totale »


As-tu des retours de tes collègues gérants de salle, comment s’en sort la majorité ?

« On est tous dans l’incompréhension totale sincèrement.. Et moi, je suis un petit club, d’autres ont perdu beaucoup plus, certains ont même fermé. Moi, je serais toujours là quand ils vont décider d’arrêter de nous empêcher de travailler. Ce ne sera pas le cas de toutes les salles, malheureusement. »

Après la première vague de Covid-19, as-tu perçu une baisse de fréquentation de ta salle ? Est-ce que le nombre d’inscriptions en début de saison était conforme à tes attentes ?

« Les gens sont revenus au compte gouttes. De mon côté, de juillet à Mi-octobre, je faisais des chiffres identiques à l’année dernière (voir un peu mieux pour Septembre), ce qui était très bien. Par contre, je ne récupérerai jamais ce que j’ai perdu en 2 mois et demi, ou dans très longtemps. »


L'Orange Bleue Gueugnon - Clubs de sport (adresse)


Que penses-tu des décisions du gouvernement actuel concernant cette crise d’une façon plus globale ?

« Malgré tout, je ne voudrais pas être à leur place, car c’est une crise difficile à gérer. Par contre, leurs décisions sont très discutables, pour ne pas dire parfois illogiques et pas égalitaires du tout. C’est pour ça que les gens n’ont pas suivi leurs recommandations. J’ai l’impression de payer leur incompétence. Aujourd’hui, professionnellement parlant, je paie le manque de lits et de moyens donnés aux services médicaux. Ce n’est pas moi ou les gérants de Bars/restaurants et salles de sports qui sommes responsables de la fermeture de tous ces lits. En résumé, ils ont géré le pays n’importe comment depuis des années, et c’est nous qui en payions les pots cassés. De toute manière, comment un pays peut-il tourner à partir du moment où les priorités sont de faire des économies dans l’éducation, la santé et la justice. »


« J’ai l’impression de payer pour leur incompétence .. »


Quelles sont les solutions pour que les salles de sport s’adaptent à cette nouvelle donne ?

« On nous a tout fait pour rester ouvert. Très sincèrement, je ne suis pas plus dangereux qu’un vendeur de meubles ou une grande surface. La solution serait déjà qu’ils écoutent ce qu’on a à dire. Le sport est bon pour la santé. Ils nous bassinent que les gens les plus touchés ont des soucis de santé. Pourtant le sport contribue à la bonne santé des gens et à leur bien-être. Cherchez l’erreur ! »

Financièrement, comment fais-tu pour garder ta boîte à flot malgré ces circonstances ?

« Je suis compétiteur dans l’âme. Ils veulent ma mort, ils n’y arriveront pas ! J’espère que mes adhérents seront solidaires, mais je n’ai aucun doute là-dessus. Je serais présent dès le jour de réouverture prévu par nos très chers dirigeants. Ce qui ne me tue pas, me rend plus fort. Je souhaite le meilleur à tous tes lecteurs. La SANTÉ surtout. Il faut rester UNIS quoiqu’il arrive. »


Interview] Entretien avec Richard TRIVINO, Directeur Sportif du FC Gueugnon | FOOTBALL CLUB GUEUGNON

Richard Trivino au théâtre de ses exploits au stade Jean Laville.


Voir aussi – Le Préfet de Saône et Loire annonce de nouvelles mesures


Mustapha Sofi. © Montceau Sport

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