Olivier Roiatti (Arbitrage) : « Je fais mon autocritique après chaque match »

Alors que la saison 2023/2024 est désormais terminée et les regards tournés déjà vers le prochain exercice, Montceau Sport a cru de vouloir donner la parole à un arbitre de notre District. Un entretien passionnant avec Olivier Roiatti à consommer sans modération. Interview.


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Montcea Sport : Bonjour Olivier, peux tu dans un premier temps te présenter sommairement ?

Olivier Roiatti : « Bonjour, Olivier Roiatti, 46 ans et je suis licencié au club du CS Sanvignes en tant qu’arbitre officiel depuis 12 ans. Avant cela, j’ai pratiqué le football pendant 27 ans. »

Peux tu nous raconter ton parcours et notamment comment tu es passé de joueur à arbitre ?

O.R. : « J’ai commencé le foot à l’âge de 6 ans au club de St Vallier. J’ai ensuite été recruté à 15 ans par le FC Gueugnon en sport étude pour évoluer avec les -15 ans et -17ans Nationaux. Puis j’ai fini avec l’équipe réserve qui évoluait en National durant la période des belles années du FCG . Après cela, j’ai rejoint le club du CS Sanvignes et le passionné Alain Bernard qui venait de reprendre l’équipe première en tant que coach.

J’ai joué environ 10 ans à Sanvignes. Mais après une blessure au genou qui m’a écartée des terrains durant plus d’un an, j’ai décidé à mon retour de passer les examens d’arbitrage afin de soutenir mon club de Sanvignes. Afin qu’il soit en conformité avec les règles de la ligue de Bourgogne. Malgré mes nombreuses contestations et prises de cartons sur les terrains, voici comment que je suis devenu arbitre à la plus grande surprise de beaucoup de personnes. »

Globalement, que penses-tu du niveau de l’arbitrage dans notre district et dans notre ligue ?

O.R. : « Je ne peux pas me permettre de juger la qualité de l’arbitrage dans notre district et ligue. Pour cela nous avons des personnes compétentes dans le domaine. Je peux juste noter le fait que Mr Clément Turpin est dans l’élite. Mme Collin a été élue meilleure arbitre de D1 Arkema. Et Alexis Guillon évolue en National 2, à qui je souhaite d’ailleurs de réussir. Nous avons des personnes qui s’investissent auprès de notre ligue de Bourgogne, d’autres au sein de la CDA. Ils sont tous passionnés et dévoués à nous former et nous conseiller. »



Quels sont les difficultés auxquelles les arbitres doivent faire face selon toi ?

O.R. : « Les difficultés peuvent être nombreuses, mais c’est aussi un défi à chaque match. Si nous sommes désignés en district nous sommes seul, déplacements et préparation d’avant match aussi. Néanmoins, en ligue nous sommes 3 avec les assistants. Ce qui permet automatiquement une plus grande communication qu’avec des assistants de club, que je félicite en passant pour leur bénévolat et leur dévouement tous les dimanches. Ça c’est l’avant match. Ensuite nous avons à gérer une rencontre pendant 90 minutes avec environ 30 acteurs inscrits sur la FMI. Et tous avec des caractères et comportements différents. La difficulté peut venir surtout de certains spectateurs qui auraient une envie de vous perturber un beau dimanche de sport, mais avec l’expérience et les formations nous savons gérer ces situations.

Je compare un match de foot à un film ou à une pièce de théâtre. En effet, lorsque vous arbitrez une rencontre vous avez plusieurs étapes. Tout d’abord, vous prenez connaissance visuellement des acteurs, des joueurs et coachs, ainsi que leurs styles de jeu et leurs comportements. Ensuite le match se déroule dans de bonnes conditions ou moins bonnes. Dans ce dernier cas, nous avisons et prenons les décisions nécessaires. Puis, nous avons l’entracte qui est la mi-temps et à la fin le dénouement, suivant la rencontre. Au final, il y a du stress, parfois de la tension et bien sur des émotions.


« Le pourcentage d’erreurs d’un arbitre est d’environ 3%. Pas de quoi faire perdre un match… »


Après chaque match, sur le chemin retour, je fais mon autocritique de ma prestation. Ai-je bien géré cette action ou aurais-je dû faire autrement.. D’ailleurs certains joueurs et coachs devraient faire la même chose. Quand j’étais joueur, je me remettais en cause sur ma prestation à chaque fin de match, et avec mes coéquipiers lors d’une défaite. Nous avions 90 minutes pour gagner le match et nous n’y sommes pas parvenus. Un arbitre prend environ de 70 à 100 décisions par match, quel est sont pourcentage d’erreur ? Est-ce que ce sont les 2 à 3 % qui ont fait que l’équipe à perdu ? Non !

Il y en a marre de répéter que l’arbitre peut se tromper. Nous sommes des humains donc bien sur que l’erreur existe. Pour ma part, même si la VAR peut être contestée, elle s’avère utile pour équilibrer un championnat dans son ensemble, je suis pour. »



Que pourrait-on améliorer dans la relation joueur-arbitre selon toi ?

O.R. : « La communication est la première chose à améliorer entre les arbitres et joueurs et je rajouterai aussi avec le staff des clubs. Certains joueurs sont avenants à la discussion, d’autres non, on nous reproche parfois de ne pas vouloir échanger. Prenez vous le temps de répondre à une personne qui hurle ou vous manque de respect ? En général nous sommes très bien accueillis. A savoir que nous sommes seulement des garants des règles du football, nous ne sommes pas des agents des forces de l’ordre, c’est l’impression personnelle que j’ai parfois quand je vois le regard de certaines personnes à l’arrivée au stade. »

Ces dernières années, les incivilités envers le corps arbitral se sont multipliées. Comment peut-on remédier à cet état de faits selon toi ?

O.R. : « Oui en effet les invincibilités augmentent auprès du corps arbitral. Je pense malheureusement que c’est le reflet de notre société actuelle. Néanmoins, je n’ai pas de recette miracle à cela, mais encore une fois la communication est importante. Une discussion apaisée peut aider, même si nous ne sommes pas d’accord sur les choix que nous faisons pendant le jeu avec les joueurs et coachs. »


« La première qualité qu’un arbitre possède, c’est son courage »


Recruter des arbitres ou en former devient de plus en plus difficile pour les clubs, que pourrait-on faire pour redonner gout à l’arbitrage ?

O.R. : « Pour recruter de futurs arbitres, il faut cibler les plus jeunes, leur montrer et leur expliquer le rôle et l’importance de prendre un sifflet. Au CS Sanvignes, nous les sensibilisons lors du stage de Pâques. Le temps d’une matinée, nous faisons une partie théorique en salle et puis partie pratique sur le terrain. Les jeunes se réfèrent trop à la télévision et ne voient donc pas le positif de l’arbitrage. Notamment les valeurs de respect, de la rigueur et j‘en passe qui vont s’avérer très utile dans notre vie personnelle de tous les jours.

Devenir arbitre donne des atouts aussi dans la vie professionnelle. La plupart nous répondent « oh non je n’arbitrais pas », c’est ce que je disais aussi à l’époque. En revanche, d’autres jeunes sont intéressés ! Il faut absolument que nous, les représentants arbitres de nos clubs, les accompagnons pour qu’ils ne perdent pas cette envie. Notre CDA est là pour cela aussi. »

Peux tu nous raconter les anecdotes les plus marquantes que tu as vécu dans ta carrière d’arbitre ?

O.R. : « Si je devais citer un moment qui m’a le plus marqué sur ces 12 années d’arbitrage, ce serait le match que j’ai arbitré entre Dijon qui évolue en D1 Arkema et les moins de 18 ans nationaux de l’Olympique Lyonnais Féminine. Néanmoins, tous les dimanches sont des moments passionnants, avec de l’humour parfois, comme « Mr l’arbitre, vous avez vu, il joue la montre » où je réponds « qu’elle n’est pas à gagner » ! Et d’autres dimanches, le sont moins. Comme par exemple quand je dois arrêter le match à la suite d’une suspicion d’arme à feu derrière la main courante. Il faut là aussi retenir que la première qualité qu’un arbitre possède, c’est le courage. Alors que derrière une balustrade est-ce bien courageux de brailler ? Moi aussi il m’est arrivé de critiquer un arbitre quand je jouais, mais aujourd’hui j’ai pris le sifflet. »

Le mot de la fin te revient…

O.R. : « En conclusion, devenir arbitre m’a permis de réaliser à quel point j’étais stupide quand j’étais joueur et que je râlais sans cesse sur le terrain, à quoi bon ?? L’arbitre ne marque pas de but, ne loupe pas de centre ou de passe… Certes ses choix peuvent être contestés, on peut prendre l’exemple d’un pénalty justifié ou pas et bien entendu il n’y a qu’une seule équipe qui viendra vous voir à ce moment-là, mais pourquoi le ballon n’était pas dans l’autre surface ? Finalement, sur une FMI, chaque intervenant du match a choisi sa licence et donc son rôle. Par conséquent, c’est à chacun de prendre ses responsabilités et vous ne verrez jamais un arbitre critiquer les choix d’un entraineur.

Je souhaite à tous les joueurs, coachs, éducateurs, arbitres et futurs arbitres beaucoup de réussite dans leur passion sportive pour ces prochaines saisons, car c’est tous ensemble que nous faisons vivre le sport. Je souhaite enfin rendre hommage à deux personnes qui m’étaient chères, mon beau père Mr Merliaud Jean et son frère Marcel, tous deux passionnés de foot, qui m’ont dit « tant que tu peux le faire, fais-le » Donc tant que je pourrai courir je continuerai l’arbitrage ! Merci Mustapha pour cette interview. »


Digoin s’offre le doublé coupe/championnat et la montée en R3. Photo CSS 0/1 DFCA du 18/02/24, © CS Sanvignes.


Voir aussi – La valse des entraineurs a déjà commencé


Mustapha Sofi. © Montceau Sport

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