Foot ITW, Yanis Louatah : « J’ai toujours aimé être le second entraîneur »

Fidèle lieutenant du coach Fabrice Correia depuis près de 10 ans, Yanis Louatah a fait le choix de ne pas suivre son ami de toujours dans son nouveau projet à St Sernin. Découvrez son interview vérité où ce passionné de football a souhaité faire le point sur sa situation et revenir sur son parcours. Entretien.


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Bonjour Yanis Louatah, peux tu te présenter sommairement pour celles et ceux qui te découvrent ?

Yanis Louatah : « Salut Bull. Je m’appelle Yanis Louatah, j’ai 27 ans et je suis un grand passionné de football comme de nombreux lecteurs et lectrices de Montceau Sport j’imagine. Je suis actuellement assistant d’éducation au Lycée Claudie Haigneré de Montceau les Mines, le travail avec les jeunes me passionne toujours autant. Que ce soit dans le sport, dans l’éducation scolaire ou dans la vie privée. Cela a toujours été ma fibre et mon défunt père m’a toujours inculqué d’aider son prochain et toujours transmettre ses valeurs. »


Yanis Louatah


Peux tu nous raconter ton parcours dans le foot ?

Y.L. : « On ne retiendra pas ma grande carrière de joueur effectivement puisque je n’ai pas beaucoup joué. J’avais une licence en U15 avec l’US Blanzy à l’époque et j’en garde un bon souvenir. J’ai joué gardien de but quelques années mais je n’ai pas poursuivi, j’ai laissé le terrain aux joueurs talentueux on va dire (rires). Ce qui est plus intéressant, c’est ma passion pour le bord du terrain et le rôle d’adjoint, puisque j’ai pu travailler un petit moment avec Romain Desgranges et la talentueuse génération du FCMB de l’époque, ça a été le début d’une belle aventure pour moi. Car c’est à ce moment là que j’ai voulu devenir dirigeant, puis adjoint par la suite. J’ai connu de nombreux coachs chez les jeunes du FCMB, Ludovic Wlosik puis Dominique Gaulier. Cela remonte à une dizaine d’années déjà.

Puis il y a eu ensuite la belle rencontre avec Fabrice Correia qui nous a porté jusqu’à être ensemble sur un championnat tel que les U19 Nationaux. Ce qui reste le meilleur souvenir de ma vie sportive jusqu’à maintenant. Côtoyer les Maxence Caqueret, Bryan Mbeumo, Melvin Bard et pouvoir échanger football avec eux à l’époque, quand on voit leurs trajectoires de carrière, on ne peut qu’apprécier fortement ces moments et on en devient vite nostalgique. Après les U19 Nationaux, toujours avec Fabrice Correia, nous sommes partis au FC Gueugnon. Nous y avons passé 6 saisons, avec une montée de R3 à R2, puis de R2 à R1 Herbelin et 4 maintiens ensuite ! Une vraie performance pour un Groupe Espoirs qui changeait chaque saison et dont le budget était très limité par rapport à des clubs comme le FC Sens, FC Montceau, FC Chalon. Ce sont de magnifiques souvenirs ! »


« On ne travaille pas 10 ans avec une personne sans qu’une relation forte se crée »


Ces dernières saisons, vous formiez avec Fabrice Correia (coach principal) un duo du côté du FC Gueugnon B, que retiens-tu de ces saisons passées chez les forgerons ?

Y.L. : « Nous sommes passés de la R3 à la R1 Herbelin, tout en réussissant nous maintenir. Ceux qui connaissent le football sont conscients de la difficulté d’encadrer une équipe réserve et encore plus à ce niveau de compétition. J’étais l’adjoint de mon ami en réalité, puisque Fabrice est devenu un ami, on ne travaille pas près de 10 ans avec une personne sans qu’une relation forte se crée. Sur ces sept années, j’ai envie de retenir la progression de nos différents groupes. En effet, plusieurs joueurs ayant évolué dans notre Groupe Espoirs sont aujourd’hui dans des structures professionnelles ou des niveaux bien au-dessus.

Je pense par exemple à Mamadou Diop, un ami qui est 3ème gardien au Grenoble Foot 38 ou encore à Jessah Ayessa qui a signé à l’AC Ajaccio. Tous deux ont disputé plusieurs rencontres avec le Groupe Espoirs et je profite de l’occasion pour saluer leur progression. En effet, pour des éducateurs comme nous, voir progresser les jeunes, c’est vraiment une fierté. Je suis un homme qui se satisfait de la réussite des gens, j’ai été éduqué comme ça. Je ne suis ni jaloux ni médisant, j’aime le succès des gens, mon coeur est ainsi. »

Comment fonctionniez-vous au quotidien avec Fabrice ?

Y.L. : « On fonctionnait comme un vrai duo. Des conversations, des interrogations jusqu’à tard dans la nuit, j’étais là pour qu’il se sente le mieux possible dans son rôle d’entraîneur principal. Je faisais de mon mieux pour le mettre dans le confort. Aussi bien dans l’organisation que dans la communication avec les garçons que je voulais rendre fluide pour lui éviter les conflits. Et j’installais un climat de confiance avec chacun de nos joueurs pour essayer de les mettre à l’aise. Bien sur, si j’avais besoin qu’il prenne le relais dans le cas où un joueur avait besoin de réponse, je l’alertais et il venait compléter les choses. C’est une relation fluide et de confiance qui s’explique par les années passées ensemble. La fidélité ne s’achète pas, elle se construit. »


Yanis Louatah

Yanis Louatah et Fabrice Correia, un duo qui a duré dans le temps.


Fabrice Correia vient de signer à l’US St Sernin, pourquoi ne pas l’avoir suivi ?

Y.L. : « Ahh. En réalité, c’est délicat puisque j’ai fortement réfléchi avant de décliner ce nouveau projet à ses côtés. Pour être franc, j’ai senti intérieurement que Fabrice souhaitait être plus solitaire dans le projet de l’USSS, même si j’avais déjà travaillé un peu avant lui lorsqu’on a appris que St-Sernin du Bois souhaitait qu’on vienne. J’ai d’ailleurs réalisé l’intégralité du recrutement de Fabrice avec notamment les arrivées de Raf Reppy, puis Antonin Tracol et Karl Moscato. J’ai ensuite décidé de prendre un peu de recul et pouvoir souffler après une dernière année vraiment usante où j’ai été beaucoup mis en avant, parfois positivement et parfois négativement, mais à la rigueur c’est le football.


« J’ai réalisé le recrutement de joueurs pour Fabrice à l’USSS »


Donc l’un dans l’autre, ce sont ces deux raisons. J’aurais peut-être apprécié de poursuivre avec Fabrice et l’USSS, d’ailleurs plusieurs joueurs des Violets pensaient que je viendrai mais malheureusement cela n’a pas été possible. Comme je le disais plus haut, je suis quelqu’un qui souhaite la réussite des gens, donc je souhaite à Fabrice réussisse ce nouveau challenge et qu’il puisse briller. Je lui souhaite le meilleur, ainsi qu’à l’ensemble du club de l’US St-Sernin du Bois. Je serai son premier supporter les dimanches évidemment. »



Tu as débuté en tant qu’adjoint de Fabrice Correia au FCMB (avec les jeunes nationaux). Est-ce que tu souhaiterais prendre une équipe en tant que coach principal ?

Y.L. : « C’est une belle question, mais j’ai toujours aimé être le second entraîneur. Celui qui a une relation plus privilégiée avec les joueurs, celui qui peut se permettre d’aller plus loin dans la relation. J’aime être un meneur d’hommes et un encadrant de confiance, donc pour cela je ne me fais pas de soucis, cela a toujours été ma fibre et ma marque de fabrique. Retrouver un banc en N°1 un jour ? Pour cela, il faudra que je valide mon diplôme qui reste un objectif important pour moi avant mes 30 ans.

De toute manière, je veux me former pour gagner en légitimité puisqu’en France, la culture porte sur l’intérêt et les compétences avec des diplômes. Le reste n’a pas d’équivalence même si tu as du talent et des qualités, donc j’espère un jour obtenir mon BMF (minimum) pour valider tout ce que j’ai fais de bien dans ma vie jusqu’à maintenant. »


« Cette saison, j’ai beaucoup souffert d’une certaine surexposition à Gueugnon.. »


Quels sont tes projets dans le foot ?

Y.L. : « À court terme, nous avons fini le 2 juin contre Sens en R1, donc je prends du temps pour moi. Je fais du sport, je profite de ma famille. Par la suite, j’hésite véritablement à reprendre un rôle d’adjoint, comme je l’ai dit, j’ai souffert cette saison de la surexposition, je suis plutôt quelqu’un de discret, je travaille dans l’ombre. Il m’arrive parfois d’être consulté par des joueurs extérieurs qui veulent simplement un avis sur leur niveau, sur leur hygiène de vie et je répond toujours sincèrement. Je ne suis pas un agent mais les jeunes joueurs du Bassin Minier aiment me consulter en dehors de leurs clubs respectifs, cela me fait plaisir, cela prouve que je ne dis pas de mauvaises choses.

Pour la saison à venir, j’ai eu quelques appels de clubs de R1 Herbelin, plusieurs clubs de R2. Et je discute avec quelques clubs professionnels pour les centres de formation puisque je dispose du BAFA et je peux encadrer un ACM (Accueil Collectif de Mineurs). Plusieurs postes d’encadrants ou de surveillants extra-sportifs sont recherchés mais je n’ai pour l’instant pas répondu, j’aspire à un rôle plus retiré désormais et si je venais à travailler avec un staff pour la saison 2024/2025, cela sera sans doute de manière plus discrète. »

Parlons jeu et tactique, quel genre de football apprécies-tu ? As-tu des références ou mentors en terme de coaching ?

Y.L. : «  J’aime le football mais j’aime l’analyser en effet. J’aime énormément Pep Guardiola, il prône ce football de possession qui oblige à une attitude en mouvement permanent pour ses joueurs. Peu importe les systèmes, ses joueurs gagnent en intelligence et j’aime voir les équipes qui forcent le déséquilibre chez l’adversaire, les joueurs de percussion qui aiment entrer dans la surface, la fougue, l’audace.. J’adore ça ! En France, je regarde beaucoup Franck Haise et la saison d’Eric Roy à Brest est folle mais très bonne.

A côté de cela, le management de Mikel Arteta relève du génie, j’invite tous les amoureux de football à regarder la belle série de Prime Vidéo « All or Nothing » sur Arsenal. J’ai rarement pleurer pour du football mais cette fois-ci, j’ai du lâcher une larme. Il crée des parallèles avec ses problèmes de vies et les joueurs adhérent, comprennent et se battent pour lui ! Cela résume entièrement la vision du management dans le football. »


Yanis Louatah face à Lionel Large

Yanis Louatah face à Lionel Large lors de la première du derby cette saison entre le FCMB et le FCG B.


Que retiens-tu de cette dernière saison en R1 Herbelin avec le FC Gueugnon B ?

Y.L. : « Je retiens les relations ! Les relations avec mes joueurs, celle avec les joueurs adverses, les discussions avec les entraîneurs adverses, cette saison de R1 Herbelin a été excitante, il y a eu 5 descentes, cela nous a condamné certes, mais nous nous sommes battus jusqu’au bout. J’ai envie de retenir les derbys contre le FC Montceau, d’abord aux Alouettes, le 0-0 très solide des garçons, puis le 2-2 spectaculaire au retour.

Me retrouver seul aux Alouettes (Fabrice était absent) devant ma famille, avec Lionel Large sur le banc adverse (photo ci-dessus), c’est un clin d’œil sympa. Comme de devenir ami avec Kévin Garnier du FC Chalon après quelques courts échanges footballistiques c’est appréciable, ou encore les appels avec Mohamed El Fares du FC Sens pour débriefer nos matchs… Tout cela restera de beaux souvenirs de la R1 Herbelin. Je souhaite aussi vraiment remercier l’ensemble des joueurs qui ont disputé la moindre minute sous le maillot du FC Gueugnon B depuis 7 ans ! J’espère que chacun d’entre eux trouvera un nouveau projet qui les rendra heureux. Je voudrais conclure par une phrase qui résume ma vision du football : Le Football est un jeu, la relation humaine reste la vraie vie. »


Yanis Louatah en discussion avec un arbitre lors d’un match de Régional 1 Herbelin.


Voir aussi – Le point sur les montées et descentes en Régional


Mustapha Sofi. © Montceau Sport

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